Un matin alors que tu es dans ton lit, tu n'as pas envie de te lever. Tu ne penses pourtant à rien de particulier, c'est comme ça... Tu es allongée et tu ne bouges pas, tu regardes dans le vide, le calme autour de toi et la lumière un petit peu tamisée et feutrée te prédispose à un moment où les pensées dansent. Soudain, tu vois une image, une belle image, un moment vraiment superbe que là tout à coup tu te rappelles, une sorte de flash-back. Puis une autre image, une autre situation, avec une autre personne arrive dans ta tête. Plein d'images magnifiques se dévoilent, là, mystérieusement. Tu te rends compte qu'il s'agit de ton passé, que tu es en train de contempler des émotions passées, des gens et des sentiments, des moments qui t'ont forgés, tes instants inscrits dans le merveilleux et le sublime, des moments rares et précieux, quelle ivresse.... Tu fermes les yeux, parce que tu as envie de t'imprégner de tout cela, tu as envie de revivre un peu ces moments là, et d'être avec les personnes à qui tu penses, là. Ces personnes qui t'avaient épaulée, soutenue, aidée, aimée, portée, envolée, emportée, ces personnes qui t'avaient fait vibrer, rire, pleurer, partir, celles qui ont fait que tu t'es accroché et qu'il te restait un peu de fierté.
Certaines se sont éclipsées.
D'autres se sont envolées.
Une larme ruissèle le long de ta joue.
Tu ouvres les yeux et tu t'apperçois que ton coeur bat plus fort.
Tu restes à fixer le plafond, tu regardes les moments de ta vie si intense qui dansent dans la mémoire de ton coeur.
Ces moments ont disparu à tout jamais, tu en est pleinement conscient.
D'un geste, tu écrases d'un poing rageur ton oeil humide et tu te lèves, vite.
Tu souffles, tu inspires, tu soupires, tu es triste.
" Faut pas que je me laisse aller, il faut que j'avance."
Tu vas dans ta salle de bain et tu allumes le robinet d'eau froide, tu t'en passe sur le visage, c'est glacé. Tu prends une serviette et tu t'éponges le visage. T'as envie de pleurer, parce que t'es en train de constater combien ta vie a changée, bien plus que toi, en fait.
Tu vas dans la cuisine, ouvre la fenêtre en grand et reste un instant, immobile, devant le spectacle quotidien de la vie en bas de chez toi. Tu les regardes, ces gens pressés, tu te demandes si eux aussi ont pleuré ce matin ? Est-ce qu'ils sont contents d'avoir grandi, vieilli, évolué ?
Toi à cet instant, t'es pas heureuse, ni fière.
À cet instant t'as même envie de déranger tout le monde, de crier et de bouger, de t'en aller très vite et loin, de ne pas faire parti de ce système... T'es juste en train de flipper.
Tu ne penses plus à rien, j'crois bien qu't'as pas envie de penser.
Il fait vraiment trop froid, tu fermes la fenêtre.
Et tu vas te préparer, parce que j'crois qu'avec tout ça, bah t'es en retard...
Keep your head up