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mercredi 4 juillet 2007

Apprendre à aimer la nuit

"Nous sommes tous dans le caniveau, mais certains d'entre nous regardent les étoiles." (Oscar Wilde)

Être heureux est-il une névrose ? Je veux dire, être heureux dans le sens où l’entend Nietzsche, trouver son bonheur et sa joie de vivre dans une « succession d’instants » de soleil, entrecoupés de brouillard et d’averses. Être heureux en surpassant les tempêtes du passé et plutôt qu’en les effaçant, en les reléguant au statut de fiction révolue, pour rêver l’optimisme de demain. Être optimiste, est-ce une névrose ? Et oublier, est-ce un échec, une troisième névrose ?

J’ai l’impression que de nos jours, le passé prend tellement de place que nous en oublions le spontané et l’instant présent. Que nous ne vivons plus que dans un fictif passé et pour un futur tendu à retrouver le passé.

Celui qui ne voit que la nuit trop sombre des souvenirs oublie de lever la tête vers les choses du haut : des points lumineux qui transpercent le présent et joignent l’avenir, nos étoiles. Celui qui a décidé de ne reconnaître que la couleur de ce qu’il connaît, le noir d’un passé-souvenirs, s’empêche de voir les couleurs plus douces de la nuit : la nuit grise, la nuit bleue, la nuit plus claire que le noir sans yeux ; la nuit verte comme l’émeraude, nuance entre le passé et l’avenir ; un demi-ton d’espoir entre l’impénétrable noirceur de la nuit-souvenirs, et le bleu azuré du jour-avenir.

La nuit est un présent d’attente, une aube imparfaite qui gît encore dans l’obscurité, un instant moiré de promesses : l’attente optimiste d’un demain qui viendra plus tard, bien plus tard, et irrémédiablement. Il faudrait parfois apprendre à aimer et à contempler la nuit.

"Il est grand temps de rallumer les étoiles." (Apollinaire)

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