Ne pas être lue

Quand même singulièrement bizarre ce truc, ce blog, cette exposition. Parce que c’en est une exposition. Au travers d’un écran j'expose des morceaux de moi, en pensant que les gens vont me comprendre comme je me comprends.

Je largue les mots dans la machine, des petites bombes de moi, parfois ça explose quelque part, d’autres fois ça reste comme en suspens dans l’air, des petits morceaux de rien du tout qui flottent dans un nul part.

Je cueille les petits grains de mon cerveau pour n’offrir que les plus beaux, les plus ronds. Ça devient un genre de moi bien verni, bien satiné, qui m'empêche de franchir les limites de ce que je crois raisonnable, qui ne met pas trop en péril l’image que je veux donner, qui garde les petits grains bien brillants, de même saveur et couleur. Pour ne pas tout barbouiller.

Alors en général je choisis mes grains à peu près semblables, mais pas trop, question de ne pas avoir de supercheries à assumer.

Alors on fait quoi quand on ne veut plus trier les petits grains? Qu’on veut les garrocher à pleines poignées? Pas juste dans la machine, mais à un lecteur bien ciblé? Se relire puis penser que oui, c’est comme ça... c'est du brut qui dit vraiment ce que l’on a dans la tête, sans censure, sans chaînes.

De toute façon la personne ne me lit pas donc je peux bien écrire n'importe quoi...