La chute du temps

va savoir pourquoi

le temps va

il nous parait qu'il chute

alors que tout notre être sombre vers l'avant


Je vois bien que ça ne passe pas de plus en plus vite, je vois bien que l’après-midi à jouer avec des légos et à inventer des histoires n’en finissait pas; je vois bien maintenant les jours qui passent trop vite; tout ça a quelque chose de relatif. Plus on vit, plus les jours, mois, années en plus ne sont pas grand-chose au regard de l’accumulation qu'est notre biographie. Mais en valeur, on perd de plus en plus, je veux dire ça fuit comme un pneu d’un vélo resurgit d’un grenier, comme des flots de paroles dans la nuit du matin.

Quelque chose m’échappe, c’est peut-être ça la force de la vie: ce qui nous échappe par rapport au temps. Ça ne nous dépasse pas physiquement car c’est nous qui sommes, mais c’est un genre de principe de notre existence, un axiome de l’établissement de la vie sur cette planète.

Il passe trop vite et même quand ça ralentit, on vieillit, ça passe plus et moins; même réduit à l’inaction, respirer c’est insuffler de la valeur au temps qui reste, c’est tenter d’accrocher ses ongles dans une paroi de granit. Et puis à un moment ça ne vaut plus rien; et parfois, déshabité déjà par lui, c’est la vie qu’on veut quitter.

L'usure du temps est l'usure de l’être, mais encore la vie. Celle-ci renferme le secret de son dernier pas comme une veine d’elle-même.

Pour Alex!!! ;)